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participation à l' EXPO

" Aux arbres citoyens !! "

Galerie Art Présent Droiteval

L’arbre à l’âme

 

 

Je suis le poumon de la troisième planète toute bleue, son géant vert aux bottes de mille lieues.

Je suis du pays de Kipling, son fils spirituel  et végétal ; L’ HLM des oiseaux, de Tarzan, de Jane, la cabane, « home » et Cheeta sur la branche ; La civilisation descend de mes phalanges feuillues. Lucy a croqué mes fruits ; Homo a éclairé sa grotte de petits bouts de moi-même. Homme sweat aulne.

Je courbe un peu le dos pour être le muscle beau du toit de Notre-Dame (1), de la pincée de tuiles de Nougaro, la charpente du ciel, du plus humble logis, du plus juste essentiel.

Gratte-ciel de bois, je suis bâton courageux, bombant l’écorce face à la mitraille, quand par la faute à Hugo ou Voltaire je me « soixante-huitarde », barrant l’hégémonie.

Je suis le livre improvisé des amants qui m’ entaillent tendrement pour inscrire le blason de leur amour éternel sur le pupitre de mon propre coeur silencieux.

Je me brûle un peu les doigts au pays de l’Auvergnat pour réchauffer l’âme du sans logis et de Brassens les noms d’une pipe !

Ma fibre recomposée donne la main à l’artiste pour chanter « l’Hymne à la Joie », jette ses clés d’essences, «...violon sur le toit » pour prendre celle des champs, mes frères bucoliques.

Je suis le dernier au milieu de la plaine, défiant l’orage, croquant l’été ; Frappé par le feu d’un ciel sucré, je suis le phare éternel de la persévérance, guidant toute innocence égarée.

Je suis livre, étreinte de papier ; Je me referme sur celle ou celui qui m’a semé, ultime réduit de la vie emportée, enfouie entre mes bras de racines, terreau de mémoire au trésor entêté.

Je grandis, je gronde aussi ;

Je brandis les outils de l’humanité à la bienveillance ; Je tends la main à l’azur, cogne à la porte des étoiles, quand l’huis de la fraternité trop s’éloigne.

La brise me parle, chuchote à mes bourgeons. L’écureuil me répond par de rousses cabrioles. Je suis le grand étendard de la vie, au grand drap des nuages claquant des doigts pour que lumière soit et nourrisse.

Je suis le mât vivant du vaisseau terre qui ne rompt, ni ne capitule, dernier carré d’audace et de chlorophylle sur sa jambe de bois, arpentant ce mot de Cambronne en lettres de sève capitales : Que dire d’autre ?

Que dire aux pluies acides lèse-Nature, fausses chenilles, tractopelles, chaînes brûlantes , langues fourchues et coupantes ; « Arbricides » sonnant et trébuchant, sommant et terrifiant ?

Que dire aux troncs numérotés du CAC 40 ?

 

 

A. Garbuio.

 

 

(1) mars 2019

 

 

 

 

 

 

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